Il est attendu, selon les chiffres officiels de la LFR (Loi de finance rectificative) 2021, que les dépenses salariales et de rémunération mises à jour pour toute l’année courante s’élèvent à 20,345 Milliards DT, contre 20,118 Milliards prévus par la LF de la même année. Entre les gouvernements Mechichi et Bouden, elle aura augmenté de 227 MDT.
Le ministère des Finances (MF) explique cette hausse par la « mise en œuvre d’un ensemble d’accords et de nouvelles mesures, à côté des recrutements, des augmentations sectorielles, et autres mesures adoptées sous le ministre Ali Kooli ». Et le MF d’expliquer encore, que « ces ajustements [Ndlr : de salaires], étaient des pressions nécessaires, pour éviter l’incapacité de certains ministères à payer les salaires de leurs fonctionnaires ».
Le MF ajoute que les mesures adoptées sous Ali Kooli et le gouvernement Mechichi, avaient coûté 520 MDT, mais qu’elles n’avaient pas été inscrites, faute de décrets d’application pour certaines mesures, dans les dépenses de ces ministères, et tapies dans la rubrique « dépenses, d’urgence, ou non distribuées », en cas de besoin.

Un poids que connaissaient tous les gouvernements de ladite révolution. Certains ne s’en soucient pas, d’autres le cachaient mal et parfois de grossière manière dans d’autres rubriques du budget, comme l’a confirmé la dernière LFR, ou moyennant des artifices comptables, tels que la technique du crédit d’impôt.

Comme le montre ce tableau, il ne s’était pas passé une année sans que la masse salariale n’augmente, au moins de quelques dizaines de millions DT, sinon en Milliards DT carrément. Des salaires, comme ne l’avoue jamais l’UGTT, au pays des protestations continues, et où la croissance du PIB était presque nulle.
Devant le fait accompli et l’UGTT qui en demande encore plus, la cheffe du gouvernement s’est tout récemment fendue d’un plan B, qui prévoit une baisse de 10% de la masse salariale. Noureddine Tabboubi a dit non, et il est fort probable que le populisme du chef de tout l’Etat ne cherchera pas à lui faire entendre raison. Il ne reste que 15 jours du nouvel exercice fiscal, et personne ne sait rien, ni du pourquoi et ni du comment du financement du budget 2021, et le dernier crédit de 300 MUSD ne sera qu’une goutte dans l’océan des dettes et des besoins financiers de la Tunisie.
Pour l’instant, à l’instar du poète « Imrou El Kais » qui disait « اليوم خمر وغدًا أمر », la Tunisie vit au rythme de la coupe Fifa-arabe de football et s’enivre d’avoir remporté le match contre l’Egypte, en attendant sa finale contre l’Algérie, et festoie avec le président algérien. Dimanche sera un autre jour !
